Quelle est la performance moyenne des SCPI sur le long terme ?

Les Sociétés Civiles de Placement Immobilier (SCPI) constituent un pilier historique de l’épargne française, combinant exposition à l’immobilier professionnel et génération de revenus récurrents. Leur performance sur le long terme, souvent présentée comme un argument clé par les gestionnaires, mérite une analyse approfondie intégrant les cycles économiques, les indicateurs financiers spécifiques et les comparaisons sectorielles.

Cadre méthodologique : TRI, TDVM et horizons temporels

Le Taux de Rendement Interne (TRI) comme boussole

Le TRI, indicateur phare pour mesurer la rentabilité globale, intègre à la fois les revenus distribués (dividendes) et les variations de valorisation des parts. Sur 15 ans (2007-2022), les SCPI affichent un TRI moyen de 5,7 % selon l’IEIF, dépassant les obligations (0,9 %) et l’assurance-vie (2,5 %). Ce chiffre masque cependant des disparités : les SCPI spécialisées dans les bureaux français atteignent un TRI de 5,7 %, tandis que celles axées sur la logistique culminent à 6,1 %.

Le Taux de Distribution sur Valeur de Marché (TDVM)

Indicateur de rendement immédiat, le TDVM moyen des SCPI s’établit à 4,52 % en 2023, en légère hausse par rapport à 2022 (4,53 %). Cette stabilité contraste avec l’effritement progressif observé depuis les années 1990, où le rendement annuel moyen passait de 8 % à 4 % entre 1999 et 2020.

Performances historiques : De la crise des années 1990 à la résilience post-2008

Sur 30 ans (1989-2019) : 6,1 % de rendement annuel
Une étude de MeilleureSCPI.com révèle que les investisseurs ayant réinvesti leurs dividendes trimestriellement auraient multiplié leur capital par 4,6 sur cette période. Cette performance, bien qu’en baisse régulière, démontre une résilience face aux chocs :
• La crise immobilière des années 1990 entraîne un effondrement des valorisations, avec un creux historique en 1997.
• La crise financière de 2008 n’impacte que temporairement les SCPI, grâce aux politiques monétaires accommodantes relançant l’attractivité de l’immobilier.

Sur 40 ans (1982-2022) : 8,3 % de TRI
L’IEIF positionne les SCPI devant l’assurance-vie (6,6 %) et les obligations (4,5 %), mais derrière les OPCI (9,4 %) et les foncières cotées (11,5 %). Cette performance s’explique par :
• L’effet cumulatif des loyers réinvestis, générant un intérêt composé.
• La valorisation progressive des actifs, avec une appréciation annuelle moyenne de 1,5 % du prix des parts entre 1982 et 2022.

Comparaisons sectorielles : SCPI versus autres classes d’actifs

Face à l’immobilier direct
Les SCPI rivalisent avec la pierre papier :
• Logements parisiens : TRI de 10,8 % sur 40 ans, supérieur aux SCPI (8,3 %) mais exigeant une gestion active.
• Bureaux français : Performance alignée sur les SCPI (5,7 %), mais avec une volatilité accrue en période de vacance locative.

Contre les produits financiers traditionnels
• Actions : Surperformantes sur le très long terme (15,1 % sur 40 ans), mais avec une volatilité 4 à 6 fois supérieure.
• Obligations : Rendements inférieurs (4,5 % sur 40 ans), vulnérables aux hausses de taux.
• Or : Performance erratique (3,2 % sur 40 ans), sans génération de revenus récurrents.

Facteurs clés influençant la performance à long terme

Dynamiques sectorielles et géographiques
Les SCPI diversifiées européennes affichent des TRI supérieurs de 1,2 à 1,8 point par rapport aux mono-sectorielles, grâce à une exposition équilibrée entre :
• Actifs résilients (santé, éducation) avec des baux longs (supérieurs à 10 ans).
• Actifs cycliques (logistique, bureaux) bénéficiant des reprises économiques.

Impact des frais de gestion
Les frais annuels (8 à 15 % des loyers) et les frais d’entrée (5 à 12 %) réduisent la performance nette de 0,5 à 1,5 point selon l’horizon de détention. Une modélisation sur 20 ans montre qu’une SCPI avec des frais totaux de 2 % annuels génère un TRI inférieur de 22 % à une structure low-cost.

Effets de levier et politique d’endettement
Les SCPI modérément endettées (ratio LTV de 30-40 %) optimisent leur TRI via :
• L’acquisition d’actifs à fort rendement locatif.
• Le refinancement à taux bas, comme lors de la période 2015-2021 où le levier ajoutait 1,2 point annuel au rendement.

Prospective 2025-2030 : Vers un nouveau paradigme ?

Impact des taux d’intérêt
La remontée des taux directeurs depuis 2022 (+400 points de base en zone euro) comprime les valorisations immobilières (en baisse de 7 % pour 100 points de hausse). Cependant, les SCPI jeunes capitalisent sur :
• Des acquisitions récentes à prix corrigés (baisse de 15 à 20 % dans l’immobilier tertiaire européen).
• Des loyers indexés sur l’inflation (clauses contractuelles présentes dans 78 % des baux neufs).

Digitalisation et liquidité accrue
Les plateformes de trading secondaire, telles que Scpi Square, réduisent les délais de cession de 3 mois à 72 heures, atténuant le risque d’illiquidité historique. Cette évolution pourrait attirer une nouvelle génération d’investisseurs, réduisant la durée moyenne de détention de 28 à 15-20 ans d’ici 2030.

Conclusion : Les SCPI, un compromis pérenne dans l’allocation patrimoniale

La performance à long terme des SCPI, oscillant entre 5,7 % (15 ans) et 8,3 % (40 ans), en fait un instrument de choix pour :
• Les investisseurs recherchant une rentabilité supérieure aux produits sans risque (livrets, assurance-vie en euros).
• Les portefeuilles nécessitant une diversification avec l’immobilier professionnel, moins volatile que les actions.

Les clés de succès résident dans :

  1. Une durée de détention minimale de 10-15 ans pour lisser les cycles.
  2. Une sélection rigoureuse intégrant frais, politique d’endettement et diversification sectorielle.
  3. Une surveillance active des indicateurs avancés (taux d’intérêt réels, vacance locative sectorielle).

Alors que le paysage financier évolue vers une complexité accrue, les SCPI conservent leur pertinence comme composante stabilisatrice d’un patrimoine diversifié, à condition d’en maîtriser les mécanismes opaques et les coûts cachés.

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