Dans un contexte de réformes successives des régimes de retraite, les Plans d’Épargne Retraite (PER) s’affirment comme un instrument clé pour les couples mariés ou pacsés, combinant optimisation fiscale immédiate et sécurisation patrimoniale à long terme. Avec plus de 10 millions de souscripteurs en 2025, ce dispositif offre des mécanismes spécifiques aux couples, permettant de mutualiser les avantages individuels tout en protégeant le conjoint survivant. L’articulation entre fiscalité progressive, déduction des versements et transmission du capital positionne le PER comme un outil stratégique pour les ménages souhaitant concilier préparation de la retraite et gestion du patrimoine familial.
La mutualisation des plafonds de déduction : un levier fiscal conjugal
Mécanisme de report des plafonds inutilisés
Les couples mariés ou pacsés bénéficient d’une mutualisation des plafonds annuels de déduction fiscale, autorisant le report des capacités de versement non utilisées par un conjoint au profit de l’autre.
➡️ Exemple : Si un membre du couple ne sollicite pas la totalité de son plafond annuel (10 % des revenus professionnels + 15 % du PASS pour les TNS, soit 85 780 € en 2024), le solde inemployé peut être transféré au PER du partenaire. Cette flexibilité permet à un conjoint aux revenus modestes de maximiser les déductions du partenaire imposé à une tranche plus élevée, générant ainsi des économies d’impôt substantielles.
Optimisation du quotient familial
L’imposition commune des couples mariés ou pacsés module la fiscalité des versements via le quotient familial.
➡️ Cas pratique : Un écart de 50 000 € entre les revenus des conjoints peut abaisser la tranche marginale d’imposition (TMI) de 45 % à 30 % sur la part transférée, amplifiant ainsi l’avantage fiscal des versements PER déductibles.
Les avantages fiscaux en phase de versement : réduction d’impôt et effet de levier
Déduction immédiate sur les revenus imposables
Les versements sur un PER ouvrent droit à une réduction d’impôt calculée sur la TMI du foyer fiscal.
✅ Un couple imposé à 45 % économise 450 € pour chaque tranche de 1 000 € versés.
✅ Les abondements patronaux sur un PER d’entreprise bénéficient d’un plafond global de 35 193 € en 2024 pour les salariés.
Interaction avec les prélèvements sociaux
En plus de l’impôt sur le revenu, les versements PER réduisent l’assiette des cotisations sociales pour les travailleurs non salariés.
➡️ Exemple : Une contribution de 10 000 € permet une économie supplémentaire de 22,2 % (soit 2 220 €) sur les prélèvements sociaux, rendant l’épargne retraite particulièrement attractive pour les indépendants.
Protection du conjoint et transmission successorale : des atouts patrimoniaux
Rente réversible et capital garanti
En cas de décès du souscripteur, le PER permet de transmettre intégralement le capital accumulé au conjoint survivant sous forme de rente viagère ou de capital, selon les clauses contractuelles.
✅ Exonération totale des droits de succession si les versements ont été effectués il y a plus de 30 ans.
✅ Comparé à une assurance-vie, le PER offre une sécurité accrue, notamment avec la rente réversible, qui vient compléter la pension de réversion du régime général.
Optimisation des droits de succession
Le PER permet d’éviter le partage du capital avec les héritiers réservataires, si le conjoint survivant est désigné comme bénéficiaire exclusif.
✔ Idéal pour les couples recomposés, qui souhaitent privilégier le conjoint actuel plutôt que les enfants d’un premier mariage.
Comparaison mariage vs PACS : une convergence des avantages fiscaux
Alignement des régimes depuis la loi de finances 2024
Les couples mariés et pacsés bénéficient désormais des mêmes avantages en matière de PER :
✅ Mutualisation des plafonds de déduction (via la case 6QR de la déclaration 2042).
✅ Exonération des droits de succession sur les versements anciens.
✅ Désignation du conjoint comme bénéficiaire exclusif.
Différences patrimoniales résiduelles
Le mariage permet de transmettre l’usufruit du PER au conjoint survivant, contrairement au PACS.
✅ Avantage du régime matrimonial : Le conjoint peut percevoir les revenus du capital tout en préservant la nue-propriété pour les héritiers directs.
Stratégies d’optimisation pour les couples
Lissage des versements sur plusieurs années
➡️ Utilisation du report triennal des plafonds inutilisés pour maximiser les déductions annuelles.
Exemple : Un couple avec un report de 15 000 € sur trois ans peut déduire 45 000 € en une seule année, réduisant ainsi la TMI effective de 45 % à 30 % sur ce montant.
Articulation PER et assurance-vie
Compléter un PER avec une assurance-vie antérieure à 2018 permet de bénéficier des exonérations fiscales sur les rachats.
✅ Prioriser les retraits sur l’assurance-vie (exonération après 8 ans).
✅ Reporter la liquidation du PER à une période de revenus réduits pour optimiser la fiscalité.
Impact des réformes 2025 : pérennité des avantages
Maintien des plafonds de déduction
La loi de finances 2025 conserve les plafonds actuels (10 % des revenus + 15 % du PASS), garantissant la stabilité des stratégies d’épargne conjugales.
📌 Seule modification : Indexation des tranches d’imposition sur l’inflation (+2,5 % en 2025), atténuant l’impact de l’imposition différée.
Renforcement des contrôles sur les rachats anticipés
📌 Plafonnement à 50 000 € par couple pour les retraits anticipés liés à l’achat de résidence principale.
Le PER, un outil de cohésion financière pour les couples
Le PER constitue bien plus qu’un outil d’optimisation fiscale : il permet d’harmoniser l’épargne entre les conjoints, de protéger le survivant et d’assurer une transmission efficace du patrimoine.
🔹 Mutualisation des plafonds de déduction = Gain fiscal immédiat.
🔹 Flexibilité successorale = Sécurité pour le conjoint et préservation du patrimoine familial.
🔹 Stratégies d’optimisation complémentaires = Couplage PER/assurance-vie pour une gestion fiscale fine.
➡️ Reste que sa complexité exige un accompagnement sur mesure. Un conseiller financier spécialisé dans la gestion des couples peut aider à optimiser les contributions et la transmission patrimoniale en fonction de l’évolution du cadre fiscal.