Le Plan d’Épargne Retraite (PER) constitue un outil central dans la stratégie patrimoniale des travailleurs non salariés (TNS), combinant avantages fiscaux à l’entrée et flexibilité à la sortie. À l’âge de la retraite, ces derniers disposent de plusieurs options pour liquider leur épargne accumulée, chacune présentant des implications financières, fiscales et patrimoniales distinctes. Une analyse approfondie est nécessaire pour aligner le choix sur les objectifs individuels et le contexte économique personnel.
Option 1 : La sortie en rente viagère, garantie de revenus pérennes
La rente viagère, héritée des anciens dispositifs comme le Madelin, demeure une option privilégiée pour les TNS recherchant une sécurité financière à long terme. Ce mode de sortie assure un flux de revenus réguliers, indexé ou non selon les clauses contractuelles, jusqu’au décès du souscripteur, éliminant ainsi le risque de longévité financière.
La fiscalité associée varie selon l’option fiscale initiale. Si les versements ont été déduits du revenu imposable, la rente est soumise au barème progressif de l’impôt sur le revenu après un abattement de 10 %, tandis que les prélèvements sociaux de 17,2 % s’appliquent sur la fraction des intérêts. À l’inverse, pour les contrats sans déduction initiale, la rente bénéficie d’un abattement proportionnel à l’âge du retraité (par exemple, 40 % entre 60 et 69 ans), atténuant la charge fiscale.
Cette option convient particulièrement aux TNS dont les revenus retraite anticipés sont modestes, permettant de compenser les insuffisances des régimes obligatoires tout en préservant un niveau de vie stable.
Option 2 : Le capital, flexibilité patrimoniale et maîtrise immédiate
Introduite par la loi Pacte, la sortie en capital rompt avec la rigidité des anciens contrats en offrant aux TNS un accès intégral à leur épargne, soit en une fois, soit via des retraits programmés, adaptables aux projets post-carrière (investissement immobilier, transmission patrimoniale, etc.).
Fiscalement, le traitement diffère radicalement. Les sommes déduites à l’entrée sont réintégrées au barème progressif, tandis que les plus-values subissent le prélèvement forfaitaire unique (PFU) à 30 %. En l’absence de déduction initiale, le capital reste exonéré d’impôt, seuls les intérêts étant soumis à la flat tax, ce qui en fait une stratégie avantageuse pour les contribuables anticipant une TMI élevée à la retraite.
Cette option séduit les TNS désireux de conserver la maîtrise de leur épargne, notamment pour financer des investissements ou répondre à des besoins ponctuels, tout en optimisant leur fiscalité via un étalement des retraits sur plusieurs années.
Option 3 : La sortie mixte, équilibre entre sécurité et opportunité
Le PER autorise une approche hybride, combinant rente et capital, permettant aux TNS de concilier revenus stables et liquidités immédiates. Cette flexibilité stratégique permet, par exemple, de convertir une partie du capital en rente pour couvrir les dépenses courantes, tout en réservant le solde pour des projets spécifiques.
Fiscalement, chaque composante est traitée séparément. La rente suit les règles d’imposition progressive avec abattement, tandis que le capital applique le PFU sur les plus-values, offrant une optimisation globale via un lissage des tranches d’imposition.
Cette option s’avère idéale pour les TNS aux profils hétérogènes, souhaitant diversifier leurs sources de revenus tout en atténuant l’impact fiscal d’un retrait massif.
Considérations spécifiques aux TNS : avantages résiduels et stratégies comparatives
Contrairement aux salariés, les TNS bénéficient de plafonds de déduction élevés (jusqu’à 87 135 € en 2025), amplifiant l’avantage fiscal initial et complexifiant les arbitrages à la sortie. Le transfert des anciens contrats Madelin vers le PER, bien que généralement avantageux, nécessite une évaluation actuarielle pour préserver les garanties exceptionnelles (taux de conversion fixes, clauses de réversion).
Par ailleurs, la possibilité de déblocage anticipé pour l’acquisition d’une résidence principale ou en cas de cessation d’activité offre une sécurité supplémentaire, renforçant l’attrait du PER face aux produits historiques.
Optimisation fiscale et recommandations stratégiques
Le choix optimal dépend étroitement du profil fiscal anticipé à la retraite. Un TNS en décroissance de revenus aura intérêt à privilégier le capital sous PFU, tandis qu’un maintien dans des tranches élevées justifiera une rente progressive.
L’étalement des retraits sur plusieurs années, couplé à une sortie mixte, permet de minimiser l’impact fiscal, surtout si des versements complémentaires sont planifiés post-retraite. Enfin, une consultation avec un conseiller en gestion de patrimoine s’impose pour modéliser les scénarios et intégrer les variables successorales, souvent négligées dans les choix unilatéraux.
Le PER offre aux TNS une palette d’options de sortie sans précédent, transformant l’épargne retraite en un levier dynamique d’optimisation patrimoniale, à condition d’en maîtriser les nuances fiscales et contractuelles.