Comment faire pour ouvrir un Plan d’Épargne Retraite (PER) ?

Face à l’incertitude croissante des régimes de retraite obligatoires et à la nécessité de constituer un complément de revenus pour les années post-actives, le Plan d’Épargne Retraite (PER) s’impose comme un instrument privilégié. Accessible à une pluralité de profils – salariés, travailleurs non salariés (TNS), demandeurs d’emploi ou retraités – ce dispositif combine avantages fiscaux et flexibilité opérationnelle. Avec plus de 8 millions de contrats souscrits depuis sa création en 2019, le PER cristallise les attentes d’une génération soucieuse de maîtriser son destin financier.

Les prérequis pour ouvrir un PER : accessibilité et conditions générales

Un dispositif ouvert à une pluralité de statuts

Contrairement aux anciens produits d’épargne retraite, le PER se caractérise par son universalité. Toute personne majeure, quel que soit son statut professionnel, peut souscrire à un PER individuel (PERIN) sans justification de revenus ou d’ancienneté. Cette ouverture inclut les travailleurs non salariés (TNS), qui bénéficient de plafonds de déduction spécifiques, les demandeurs d’emploi souhaitant capitaliser leurs indemnités chômage, et même les retraités désireux de compléter leur pension existante.

La suppression de l’âge maximal de souscription – auparavant fixé à 68 ans – renforce cette accessibilité, permettant une adhésion tardive pour ceux ayant reporté leur projet d’épargne. Néanmoins, l’anticipation reste cruciale : un versement annuel de 3 000 € pendant 25 ans à un taux moyen de 4 % génère un capital de 120 000 €, contre 60 000 € pour une épargne débutée à 50 ans.

Les restrictions résiduelles : mineurs et produits concurrents

Depuis le 1er janvier 2024, les mineurs ne peuvent plus ouvrir de PER individuel, une compétence transférée au nouveau Plan Épargne Avenir Climat (PEAC) dédié au financement de la transition écologique. Les contrats ouverts avant cette date restent actifs mais gelés jusqu’à la majorité du titulaire, avec interdiction de nouveaux versements.

Le choix du type de PER : une décision structurante

Le PER individuel (PERIN) : flexibilité et maîtrise patrimoniale

Destiné aux particuliers, le PERIN se décline en deux sous-catégories aux mécaniques distinctes. Le PERIN d’investissement, matérialisé par un compte-titres, permet d’acquérir directement des actions, obligations ou ETF, avec une exposition plus risquée mais un potentiel de rendement accru. À l’inverse, le PERIN d’assurance, structuré autour d’un contrat de groupe, privilégie les fonds en euros garantis – idéal pour sécuriser une partie du capital – tout en offrant accès à des unités de compte plus dynamiques.

Pour les TNS, le PERIN remplace avantageusement l’ancien contrat Madelin, avec un plafond de déduction porté à 10 % du bénéfice professionnel + 15 % du PASS (Plafond Annuel de la Sécurité Sociale), soit 85 780 € en 2024. Cette enveloppe permet à un indépendant réalisant 100 000 € de bénéfice de déduire 20 000 € de son revenu imposable, réduisant son impôt de 8 000 € (tranche à 40 %) tout en capitalisant un complément retraite.

Le PER d’entreprise : une solution collective à double détente

Les salariés bénéficient quant à eux du PER Collectif (PERCOL) ou Obligatoire (PEROB). Le PERCOL, facultatif et ouvert après trois ans d’ancienneté, permet des versements patronaux abondés jusqu’à 3 000 € annuels. Le PEROB, imposé par l’employeur à certaines catégories de personnel, intègre souvent des mécanismes d’intéressement ou de participation, avec des économies sociales pouvant atteindre 65 % des montants investis.

Les étapes clés pour ouvrir un PER : entre formalisme et stratégie

La sélection de l’organisme gestionnaire : banques vs assureurs

L’ouverture d’un PER implique un choix crucial entre banques traditionnelles, assureurs ou plateformes en ligne. Les banques (Crédit Agricole, BNP Paribas, etc.) offrent une gestion centralisée du patrimoine mais imposent souvent des frais de dossier (1 à 3 %) et de gestion annuels (0,5 à 1,5 %). Les assureurs (Swiss Life, Garance) proposent des fonds en euros sécurisés (rendement moyen 1,5 % en 2024) et un accès à des unités de compte performantes (jusqu’à 6 % sur les SCPI de rendement). Les courtiers en ligne (Meilleurtaux Placement) émergent avec des offres sans frais d’entrée mais limitées en accompagnement personnalisé.

Le processus opérationnel : documents et délais

La souscription proprement dite requiert :

  1. Une pièce d’identité valide
  2. Un RIB (Relevé d’Identité Bancaire)
  3. Un justificatif de domicile de moins de 3 mois
  4. Pour les TNS, un avis d’imposition ou un bilan comptable récent.

Le contrat, généralement signé en ligne ou en agence, devient opérationnel sous 48 à 72 heures. Les premiers versements – minimum 100 € chez la plupart des organismes – déclenchent la déductibilité fiscale dès leur validation.

L’optimisation fiscale : un enjeu central

La déduction des versements : un levier puissant

Les versements volontaires sur PERIN sont déductibles du revenu imposable dans la limite annuelle de :

  • 10 % du revenu professionnel (plafonné à 8 fois le PASS) pour les TNS
  • 10 % des revenus salariaux + 15 % du PASS pour les salariés
  • 32 919 € (plafond 2024) pour les retraités.

Un cadre supérieur imposé à 45 % économise ainsi 4 500 € d’impôt sur un versement de 10 000 €, tout en réduisant son assiette sociale de 22,2 % (soit 2 220 € supplémentaires pour un TNS).

La fiscalité de sortie : capital vs rente

Au déblocage, le choix entre capital et rente détermine l’imposition :

  • Capital : imposition à 30 % (12,8 % IR + 17,2 % PS) sur les plus-values seulement si renonciation à la déduction initiale
  • Rente viagère : exonération d’IR sous conditions, avec PS à 17,2 %.

Cette mécanique permet à un contribuable ayant déduit 100 000 € sur 20 ans de percevoir 200 000 € (capital) en ne payant que 30 000 € d’impôts (15 % de taux effectif), contre 45 000 € en cas de placement classique.

Les cas de déblocage anticipé : une soupape de sécurité

La loi PACTE a élargi les possibilités de retrait avant l’âge légal de la retraite (64 ans en 2030) à six motifs :

  1. Invalidité (taux ≥ 50 %)
  2. Décès du conjoint ou partenaire de Pacs
  3. Expiration des droits chômage
  4. Surendettement validé par la commission
  5. Liquidation judiciaire d’une entreprise individuelle
  6. Acquisition de résidence principale (hors versements obligatoires).

Ces retraits partiels ou totaux bénéficient d’une exonération d’IR si motivés par l’achat de résidence principale, limitant la fiscalité aux 17,2 % de prélèvements sociaux.

Le PER, un outil sur mesure pour l’autonomie financière

Ouvrir un PER relève désormais d’une stratégie patrimoniale globale plus que d’un simple placement. Entre gestion dynamique des actifs (70 % d’actions recommandé avant 50 ans), optimisation fiscale pluriannuelle et possibilités de transmission via les clauses bénéficiaires, ce dispositif épouse les mutations d’une société où la retraite devient un projet individuel à construire. Les TNS y trouveront un allié de poids pour compenser les lacunes de leur régime de base, tandis que les salariés pourront capitaliser sur les abondements patronaux. Reste que le choix de l’organisme gestionnaire et de l’allocation d’actifs nécessite une analyse fine des frais, des performances historiques et de l’accompagnement proposé – autant de paramètres où l’expertise d’un conseiller financier spécialisé s’avère précieuse.

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